Les débats

Valérie Létard, Anne-Catherine Loisier, Nadia Sollogoub 30/10/2019

«DÉBAT - DONNER DES ARMES À L'ACIER FRANÇAIS ACCOMPAGNER LA MUTATION D'UNE FILIÈRE STRATÉGIQUE»

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  • Mme Nadia Sollogoub . - L'État a accordé 500 millions d'euros d'aides publiques en dix ans mais au coup par coup, dans la précipitation. Peut-on croire à un discours de vérité ? Voyez Vallourec : sur le site de Cosne-sur-Loire, les élus et salariés ont fait les frais de décisions spasmodiques dont la stratégie leur échappait. Les évolutions sont nécessaires et vitales, mais y a-t-il un cap et surtout le connaissons-nous ? Les cessions-reprises à suspense prennent l'aspect de liquidations savamment orchestrées. Quelle est la stratégie de production nationale de Vallourec, notamment pour les tubes sans soudure ? Ils sont laminés par un producteur ukrainien à des prix compétitifs. L'État va-t-il laisser les collaborateurs de la première heure de Vallourec au bord du chemin ?
  • Mme Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État. - Vallourec a vu s'effondrer le marché de fourniture d'équipements pétroliers. L'entreprise a dû prendre des décisions difficiles. Elle est victime d'un problème de compétitivité. Si le coût de production est supérieur à celui des concurrents, vous perdez des parts de marché. La numérisation des entreprises est donc indispensable. BPI est entré au capital de Vallourec pour parer à une OPA ; mais l'État reste un actionnaire ultra-minoritaire, le capital étant très largement réparti. L'État ne gère pas directement l'entreprise, mais pose son regard sur le devenir des sites français, au-delà de son rôle d'actionnaire.
  • Mme Nadia Sollogoub. - Je comprends toutes ces problématiques de productivité, mais il y a la manière. Un repreneur baisse les bras après un an sous prétexte qu'il n'a pas obtenu les brevets de Vallourec... C'est insupportable pour les salariés et les élus.
     
  • Mme Anne-Catherine Loisier . - Madame la ministre, je salue votre discours volontariste. Mais quid des moyens et de l'accompagnement de l'État ? Le programme Territoires d'industrie a produit, pour le moment, des résultats décevants. Quant à l'accompagnement numérique, il n'est possible qu'avec une connexion à très haut débit... Il faut un pilotage interministériel résolu. Que comptez-vous faire ? Quel dispositif réactif ? Un exemple : les éoliennes, en France, ne peuvent pas être reconditionnées puisque l'énergie rachetée par le Turpe doit provenir d'installations neuves. C'est peut-être un sujet à creuser.
  • Mme Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État. - Territoires d'industrie, ce sont 305 millions d'euros qui financent plus de 300 actions, en associant les régions, qui jouent le rôle de pilote, et les entreprises à titre individuel. C'est concret.  Le très haut débit sur tout le territoire est pour la fin 2020 et 37 % des Français ont d'ores et déjà activé leur accès en THD, mais il faut que tous nos concitoyens qui y ont accès sachent qu'ils peuvent le faire : il faut aussi travailler là-dessus. Le pacte productif appelle un travail collaboratif et une vision à l'horizon 2025-2030, associant entreprises, syndicats, collectivités territoriales et État, et surtout en raisonnant à l'échelle des bassins de vie.
  • Mme Anne-Catherine Loisier. - Vous me rappelez les éléments du plan de financement, mais il faudrait mieux cibler les priorités au sein des territoires d'industrie. Quant au Très Haut Débit à 8 mégabits par seconde, cela ne suffit pas pour la robotisation de l'industrie.
     
  • Mme Valérie Létard, rapporteure . - Je remercie la ministre. J'associe Franck Menonville, tous les participants de la mission d'information et les élus qui se sont exprimés. La sidérurgie n'est pas une industrie du passé mais bien de l'avenir. Elle constitue le haut de la chaîne de valeur de l'industrie française. La France doit rester indépendante dans sa production. La ministre a cité les dispositifs d'aides, notamment à la recherche et au développement. Nous savons que vous êtes mobilisée, mais vous n'avez pas les moyens de vos ambitions. Il faut un ministère plein de l'Industrie, doté de moyens financiers et humains, pour soutenir les neuf contrats stratégiques de filière. Il n'y a pas de grand pays sans industrie forte. Ce doit être une priorité nationale. Nous devons préserver ces centaines de milliers d'emplois. Les acteurs industriels, quand on les rencontre, nous disent qu'ils ont besoin de contacts avec le ministère de l'Environnement, celui de la Recherche, celui de l'Économie... Un ministère de l'Industrie serait un interlocuteur privilégié. Donnons-nous les moyens d'être à la hauteur. Les actes doivent être au rendez-vous. Faisons le choix d'un ministère pilote et stratège.