Les questions

Anne-Catherine Loisier, Nadia Sollogoub 09/10/2019

«QUESTIONS D'ACTUALITÉ AU GOUVERNEMENT, 09/10/2019»

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Injonctions gouvernementales contradictoires en matière de ressources en eau
  • Mme Nadia Sollogoub . - Les paysans étaient hier dans la rue. Ils sont coincés entre une exigence de qualité et les contraintes qu'on leur impose. La loi EGalim devrait leur donner plus de revenus ; ils voient les cours s'effondrer ; on leur demande d'être exemplaires face à une concurrence qui l'est moins. On leur demande de nous nourrir et on les soupçonne de nous empoisonner. Sans compter la terrible sécheresse qui les accable.
    Monsieur le ministre, les paysans vont très mal. Vous avez dit : « On ne peut pas regarder l'eau tomber pendant six mois et la chercher pendant les six autres mois » ; mais la ministre de la transition écologique interdit les retenues d'eau ! Pour se préparer à la prochaine sécheresse, faut-il retenir l'eau ou la laisser s'écouler ? 
  • M. Didier Guillaume, ministre de l'agriculture et de l'alimentation . - Nous sommes tous d'accord sur le constat et il n'y a aucun problème, aucune divergence entre le ministre de la transition écologique et de la solidarité et le ministre de l'agriculture.
    Le Premier ministre a arbitré et les services de l'État n'ont qu'à mettre en oeuvre ces décisions. Oui, je le redis : on ne peut pas regarder l'eau tomber du ciel pendant six mois et la chercher les six autres mois. Le réchauffement climatique va continuer ; nous avons besoin d'une agriculture résiliente donc irriguée mais sans faire tout et n'importe quoi. Je salue les agriculteurs qui, en dix ans, ont économisé 30 % d'eau dans l'irrigation. Voilà l'innovation !
    Après vingt ans d'interdiction, nous avons prévu d'autoriser 60 nouvelles retenues d'eau l'an prochain - pour pouvoir la restituer en cas de sécheresse. Si une telle décision avait été prise ces dernières années, les troupeaux du Massif Central auraient de quoi s'alimenter ! 
  • Mme Nadia Sollogoub. - Monsieur le ministre, 60 retenues d'eau, ce n'est pas même une par département : c'est une goutte d'eau. Sans doute faudra-t-il que je pose à nouveau cette question à la ministre de la transition écologique. Il faut nous laisser avancer, au lieu de tuer l'agriculture à coups de paperasse ! 
Forêts et changement climatique
 
  • Mme Anne-Catherine Loisier . -  À Biarritz comme aux Nations unies, le président Macron n'a pas manqué de souligner le rôle de la forêt dans la lutte contre le changement climatique - la forêt en danger, subissant les effets conjugués des sécheresses à répétition, des attaques de parasites, des dégâts de gibiers, touchant au total environ 2 millions de m3 par an.
    À la catastrophe écologique s'ajoute le désastre économique. Des marchés saturés, des communes privées de recettes, la catastrophe est à la fois écologique et économique. Nous devons adapter nos forêts. 
    L'Allemagne consacre 800 millions d'euros à ses forêts, la Pologne 1 milliard d'euros, alors que la France ne prévoit que 70 millions d'euros. Ces pays ont compris l'intérêt d'une forêt renouvelée.
    C'est une course contre la montre pour endiguer la propagation des parasites. La forêt joue un rôle crucial dans l'environnement, mais n'est pas reconnue pour cela. 
    À quand un plan d'adaptation de la forêt au changement climatique et un Office national des forêts (ONF) restructuré pour tracer la voie ? 
  • M. Didier Guillaume, ministre de l'agriculture et de l'alimentation . - Merci de votre question. Nous étions hier ensemble pour trouver les pistes d'avenir de la forêt française. 
    Il y a deux problèmes. D'abord les scolytes. Nous venons de mettre 16 millions d'euros sur la table pour y remédier. Puis, la dégénérescence à cause du changement climatique ; ensuite, il faut se demander quelles essences, quelle organisation de la filière pourront la rendre plus résiliente.
    Une nouvelle organisation de l'ONF sera annoncée bientôt, dans les jours qui viennent. Mais la filière française ne pourra pas rester aussi déstructurée, au plus grand bénéfice des importations notamment de Slovénie.