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Catherine Morin-Desailly 04/10/2013

«Rythmes scolaires - Catherine Morin-Desailly interpelle Vincent Peillon : \" Etes-vous prêt à entrendre la voix des élus locaux ? \"»

Rythmes scolaires - Catherine Morin-Desailly interpelle Vincent Peillon : " Etes-vous prêt à entrendre la voix des élus locaux ? "

Catherine Morin-Desailly, sénatrice de la Seine-Maritime, a interpellé le ministre de l’Education lors des questions orales au Gouvernement au sujet de la réforme des rythmes scolaires Voir la vidéo   

Mme Catherine Morin-Desailly

Mes chers collègues, Ma question s’adresse au Ministre de l’Education nationale, Vous avez engagé une réforme des rythmes scolaires dont le principe n’a jamais été remis en cause mais qui nécessitait une préparation suffisante et approfondie. Malheureusement, un mois après la rentrée des classes la plus grande confusion règne ! Les élus locaux font beaucoup d’efforts dans l’intérêt de nos enfants, mais nombreux sont ceux qui ne voient toujours pas de réponses concrètes et pertinentes aux carences de cette réforme. Interpellés tous les jours, nous ne pouvons qu’être inquiets. Je vous avais pourtant alerté dès le 25 janvier, lors d’une même séance de question d’actualité, contre un passage en force qui risquerait d’être contreproductif. Je vous avais engagé à dialoguer avec tous les partenaires de l’école, et d’abord avec les élus locaux. A l’UDI, nous considérons que ce sujet est trop important pour être instrumentalisé. L’enjeu est notre capacité à nous réformer. Encore faut-il que ce ne soit pas dans la précipitation et l’impréparation. C’est pourquoi je vous demande, Monsieur le ministre, de faire de l’année scolaire 2013-2014 une année pleine et entière d’expérimentation, ce qui permettrait d’intégrer les retours d’expérience de façon à appliquer à la rentrée scolaire 2015 une réforme largement améliorée. Nous avions d’ailleurs formulé cette demande lors du projet de loi de refondation de l’école avec ma collègue Françoise Férat. Mes chers collègues, tous les jours nous sommes pris à témoin par les élus de nos départements. De mon côté j’ai commencé à recueillir nombre de témoignages. Pourquoi ne pas lancer une consultation pour recueillir le point de vue de chacun ? Les sénateurs UDI-UC souhaitent que le résultat de cette consultation fasse l’objet d’un moment d’échange, lors du prochain congrès de l’AMF.  Monsieur le ministre, vous ne réussirez pas cette réforme sans y associer les élus. Etes-vous prêt à entendre leur voix ? Etes-vous prêt à engager une concertation prolongée et un travail approfondi avec les collectivités locales ? Enfin, êtes-vous d’accord pour surseoir à la date du 30 novembre afin de laisser le temps aux élus de s’organiser dans leurs communes ?  

Réponse du ministre

  M. Vincent Peillon, ministre de l’éducation nationale.  Mesdames, messieurs les sénateurs, madame la sénatrice, ne vous inquiétez pas, j’ai toujours un grand plaisir à vous écouter ! La consultation a commencé en 2010.   En effet, les expérimentations que vous évoquez, vous les avez vous-mêmes lancées, elles ont été hasardeuses, elles sont évaluées : suppression de 60 000 postes, suppression de la formation des enseignants (Exclamations sur les travées de l’UMP.)… … – je viens d’ailleurs de Caen, où nous avons ouvert la première école supérieure du professorat et de l’éducation – et, enfin, instauration de la semaine de quatre jours. Enlever deux heures de cours à tous les enfants du primaire en France, vous l’avez expérimenté (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste.),… … au point qu’un an après cette sottise le ministre de l’éducation nationale Xavier Darcos,... a lui-même reconnu qu’il fallait revenir sur cette mesure. Vous avez alors, dès 2010, engagé une concertation. Les groupes ont été consultés (M. Alain Gournac s’exclame.), l’Académie de médecine s’est exprimée,… … une conférence nationale, durant laquelle le Parlement a de nouveau été consulté, a eu lieu en 2011 sous la responsabilité de M. Chatel. Les conclusions ont été unanimes : il faut revenir à la semaine de quatre jours et demi. (Eh oui ! sur les travées du groupe socialiste. – M. Alain Gournac s’exclame.)   Toutes ces concertations doivent-elles rester dans un tiroir ? À un moment donné, quatre concertations ne doivent-elles pas se traduire dans une action lorsqu’il s’agit de l’intérêt des élèves de ce pays ? (Très bien ! sur les travées du groupe socialiste.) Cette réforme, nous la faisons pour réparer ce que vous avez défait(Protestations sur les travées de l’UMP.) et faire ce que vous n’avez pas eu le courage de faire !(Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe écologiste.)   La concertation que vous demandez, mais enfin, elle a lieu depuis un an et demi (Mme Catherine Morin-Desailly s’exclame.), depuis que nous sommes au Gouvernement ! Le temps que vous souhaitez, il vous a déjà été accordé par le Président de la République. Personne n’était obligé de s’engager dans la réforme dès 2013. Le délai jusqu’à fin novembre, que vous demandez ici, il est évidemment accepté ! (M. Alain Gournac s’exclame.)   Une fois de plus, vous jouez sur les peurs (Non ! sur les travées de l’UMP.), vous sacrifiez la précision, vous ne dites pas la réalité des choses, parce que, au fond du fond, vous ne voulez pas de cette réforme, pas plus que vous ne vouliez de la formation des enseignants, pas plus que vous ne voulez faire de l’école une priorité.   Notre responsabilité, c’est de faire en sorte que les enfants de France bénéficient d’un meilleur temps scolaire pour apprendre à lire, à écrire et à compter. (Exclamations sur les travées de l’UMP.) C’est le mercredi matin, et c’est offert à tous les enfants. Notre responsabilité, c’est qu’ils jouissent aussi d’un meilleur temps périéducatif et de plus de justice. C’est ce que nous faisons par l’organisation des temps périscolaires. Tout cela se fait dans la concertation sur le terrain… puisqu’il s’agit de projets éducatifs de territoire, qui doivent être construits.(MM. Bernard Piras et Jean-Jacques Filleul applaudissent.) Alors, vous ne pouvez pas dire le contraire de la réalité. La concertation est engagée !   Là où cela réussit, c’est-à-dire dans l’immense majorité des cas, c’est précisément parce que la concertation a eu lieu. Mais nous avons noté que certains ne veulent pas se concerter (Mme Catherine Troendle s’exclame.) : c’est vous ! Votre mauvaise volonté est visible ! (Oh ! sur les travées de l’UMP.) Elle pénalise des enfants ! J’ai même vu le président d’un parti politique, l’UMP, chercher à créer des orphelins de quinze heures trente (Protestations sur les mêmes travées.) en ne respectant pas les règles de la République ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe écologiste.)